L'écoute de l'album Buried, puis, de sa version retravaillée : Buried (Deeper) m'avait suffisamment marquée pour que je creuse un peu l'historique de ce projet solo assez particulier. À l'œuvre ici, on retrouve SiouxSide, bassiste de The Cemetary Girlz (également interviewé dans nos colonnes récemment), mais dans une formule one-man-band plutôt bien huilée. Les compositions du bonhomme font la part belle aux influences multiples piochées dans tout le spectre des musiques gothiques, avec, en plus, une touche personnelle bienvenue.
Il me semblait donc judicieux de donner la parole à SiouxSide qui règne cette fois ci sans partage sur cette interview dédiée :-)
Propos recueillis par Xzvrey en Avril 2023.
1/ Hell-o Sioux Side, quoi de neuf de ton côté ? Quelles sont tes actualités récentes ? Un peu dans le jus avec la sortie du nouveau Cemetary Girlz ?
Hello ! Eh bien, mes actualités ont été bien sombres récemment. Je sors tout juste d’une « Nuit Noire » de l’âme qui a bien durée 4 mois. Pour des raisons privées, je ne vais pas m’étaler. Mais ce n’est pas la première, et à chaque fois, je crains de ne pas en sortir.
Du coup, la sortie d’albums des Cemetary s’est subitement accélérée, pile au moment où je reprends vie. Pas de hasard.
Donc, globalement pas grand-chose. À part que je sors de mon cercueil et compte bien recréer de l’actu tant que possible !
2/ Peux-tu nous expliquer un peu le concept derrière Mark Of The Sphinx ? C’est un projet solo si je comprends bien ? Peux-tu nous narrer l’histoire de sa création ? Qu’est-ce que tu recherches en menant ce projet musical spécifique ?
Mark of the Sphinx est en effet mon projet solo.
Je me suis mis très tard à la musique, et dès que j’en ai eu l’occasion, je me suis mis à apprendre en autodidacte guitare, basse, synthé, MAO etc… À cette époque, je passais le plus clair de mon temps dans les soirées gothiques parisiennes et j’abreuvais mes états dépressifs de coldwave, de deathrock, en passant par de l’indus des plus noir à de la darkfolk. J’étais alors habité d’un tas de mélodies, sorties de nulle part pour la majorité, accompagnant les univers de mes dessins déjà très sombre. J’ai tenté de créer un projet orienté post punk/deathrock avec des amis, mais j’en ai très vite vu les limites. Alors je me suis lancé dans mes expérimentations en solo, car j’avais des idées bien trop précises du résultat recherché et j’ai commencé ainsi. Je n’avais alors aucune notion du process de production d’un album et j’ai décidé d’apprendre en avançant sur la création d’une œuvre concrète.
Ce que je recherchais exactement, c’était pourquoi une sonorité, un assemblage de notes, un bruit même va me faire ressentir telle ou telle chose et non une autre. Comme un dessin ou une peinture qui va déclencher une émotion par son traitement particulier. C’était de la pure magie pour moi et j’avais là un nouveau moyen d’exprimer quelque chose par du non-visible. C’était très stimulant. Bien entendu, j’ai souhaité refléter mes ressentis les plus profonds du cours de ma vie personnelle par ce moyen.
J’ai aussi découvert ma voix, car je ne chantais pas du tout à l’époque, ce qui a été la partie la plus difficile (on déteste tous sa voix au début). J’ai pondu environ 14 ou 15 morceaux instinctivement et c’est comme ça que Mark of the Sphinx a commencé à émerger.
Pour aller plus en profondeur dans le concept, Mark of the Sphinx repose sur la symbolique du papillon de nuit, créature étant passée d’un état larvaire à une forme plus aérienne (donc avec un horizon plus large), mais tout aussi grouillante et destiné à rester dans le noir. L’esprit du ‘Sphinx’ serait mon alter ego, connecté à une entité supérieure, qui serait créé au fur et à mesure d’événements marquant de mon histoire, ponctué de mort symbolique, de passage dans mes ténèbres personnelles, d’amour intense et destructeur, ouvrant la voie à de nouvelles versions de moi-même.
C’est donc un hymne à la transformation, à la noirceur, au divin et à l’émancipation de sa propre condition.
3/ Ton album : Buried que nous avions chroniqué a bénéficié récemment d’un remix. Pour l’occasion, la version précédente a disparue de ton Bandcamp. Peux-tu nous expliquer pourquoi tu as souhaité faire ce remix ? Quelles sont les différences notables entre les deux versions selon toi ? Pourquoi avoir carrément retiré la version précédente qui était déjà super selon moi ?
J’ai lancé le tout 1er album (BURIED) en 2017, en autoproduction, et mes connaissances en matière de sons n’étaient pas au top. J’ai créé le 2eme EP dans la foulée, j’ai collaboré avec beaucoup de musiciens, je suis passé dans quelques studios de mixages et j’ai voulu regonfler à leur juste valeur les compositions de BURIED.
Comme cet album n’avait pas eu un accueil plus enthousiasmant que ça à l’époque, j’ai décidé de faire une sorte de reboot, en lui donnant l’énergie et l’attention qu’il méritait. Alors pour ne pas embrouiller les personnes tombant sur mon univers, j’ai préféré retirer ce qui me semblait médiocre pour du plus convaincant. J’y ai ajouté un remix du tout 1er morceau composé de Mark of the Sphinx(Hang on) en bonus pour marquer le coup. J’ai remixé totalement Buried et la plupart des morceaux ont pris quelques bpms supplémentaires.
4/ Tu expliques sur ton bandcamp que le projet s’inspire de tout ce que les musiques Goth proposent. As-tu des influences plus précises ou des groupes à nous citer ? Y a-t-il aussi des influences extra-musicales (films, art…) ?
Comment organises-tu ton travail avec Mark Of The Sphinx ? Es-tu totalement seul à bord y compris pour le travail de mixage/mastering et pour les designs ?
Es-tu dans un état d’esprit particulier quand tu composes ?
Dans ce qu’on appelle le mouvement Gothique, les sous-genres n’ont parfois rien de comparable, mais on les classe tout de même dans cet univers. Alors mon intention était de trouver cette racine commune qui suscitait mon intérêt pour ces styles variés, et de mélanger les codes pour y trouver une harmonie. Ambitieux et loin d’être facile. Mais pour ma part, je savais que toutes les vibes de ces groupes qui m’ont tant inspiré pouvaient donner naissance à mon propre son.
J’ai énormément d’inspiration, tout domaine artistique confondu. Musicalement, pour les principaux, j’ai celui par lequel je me suis intéressé au Goth, qui est Marilyn Manson. Puis j’ai été très touché par Rozz Williams, notamment pour sa période Christian Death et Robert Smith pour son incroyable sensibilité et talent. Et coté post-industriel, je dirais Nivek Ogre (Skinny Puppy) et Brian Erickson (Velvet Acid Christ).Trent reznor, le compositeur de Nine Inch Nails, est une référence également.
Je suis aussi très influencé par certains films. J’adore les univers de David Lynch, Stanley Cubric, Ridley Scott, Neil Jordan ou Francis Ford Coppolla. J’ai eu une période où je ne faisais que télécharger des films d’horreur bidon dont je ne me souviens pas toujours (pour certains il vaut mieux) mais cela a bien enrichi aussi mes univers visuels.
Je suis en effet le seul maître à bord et toujours à l’affût de bons conseils de la part d’autres artistes et techniciens. J’écoute et analyse beaucoup de ce qui se fait et ce que ça provoque en moi. Puis j’essaie de refaire une magie plus personnelle, en étant guidé par une inspiration qui me semble venir d’ailleurs parfois.
5/ Question très importante : es-tu à l’œuvre pour donner une suite à Mark Of The Sphinx ? Aurons-nous bientôt le droit à de nouveaux titres, EPs, albums ? Personnellement j’aime vraiment beaucoup ta musique et je suis impatient d’écouter de nouvelles compositions.
J’ai dû me consacrer à d’autres formes d’art après mon 2nd EP, sorti en 2019, notamment mon investissement dans les Cemetary Girl et mon métier qui me demande beaucoup d’énergie et de temps. Mais j’ai beaucoup de compositions en attente.
J’ai cette impression que je ne me suis pas encore permis de vraiment mettre en lumière ces 2 œuvres déjà existantes et je compte bien déjà régler ça.
Après la période que j’ai passée ces derniers mois, je vais sortir un single sur le thème de la Nuit Noire justement. Il est déjà bien avancé ! Ensuite, je pense que je me mettrais sur un nouvel EP, voir plus selon mes inspirations du moment.
6/ Comment ton projet solo s’accorde-t-il avec ton activité de bassiste dans The Cemetary Girlz ? Est-ce que les membres de TCG interviennent à l’occasion dans ton projet solo ?
Il s’accorde très bien, même si ce sont 2 choses bien distinctes. Les 2 univers sont différents et lorsque je suis avec les Cemetary, c’est pour être à 100% avec eux. Aucun n’intervient dans mon projet perso, mais il y a bien sûr une influence indirecte. J’ai l’occasion de faire de la scène avec eux et d’avoir une expérience avec des musiciens installés depuis un moment dans la scène dark, c’est très enrichissant. Les compétences techniques de Divarre sont également très instructives et il m’a pas mal appris au niveau mixage et mastering. On partage des compos et des idées artistique avec AlienSPagan (et on se raconte beaucoup de conneries). C’est un vrai plaisir de partager cette aventure avec eux, mais je sépare les 2 projets, pour garder un exutoire personnel.
7/ As-tu dans l’idée de faire du live avec Mark Of The Sphinx un jour ? À mon sens c’est une musique qui pourrait vraiment avoir un intérêt pour quelques concerts avec une bonne mise en scène. Qu’en penses-tu ?
L’idée me taraude depuis longtemps. Je ne pensais pas pouvoir imposer une direction artistique. Ni gérer seul sur scène un univers aussi imposant que celui auquel je pense. Comme c’est un univers déjà complet et très personnel, ce n’est pas un espace d’expression pour qui que ce soit qui a des choses personnelles à prouver par ce biais. Et le feeling dans un groupe est important. Il y a eu des tentatives, mais infructueuses. J’ai donc abandonné cette option.
Mais le destin n’a pas encore dit son dernier mot, j’ai l’impression ! J’ai eu quelques signes récents qui laissent une ouverture plus qu’intéressante dans cette direction. Une personne du passé qui m’était chère, avec qui je me voyais tout à fait mener la chose sur scène, est réapparue récemment et a acquis des compétences scéniques très spéciales depuis. C’est en ce moment en discussion, mais ça peut donner une vraie dimension supplémentaire à Mark of the Sphinx. Mon souhait est toujours de le faire et si mon intuition reste bonne, je pense que quelques annonces vont bientôt paraître.
8/ Si je ne me trompe pas, pour le moment tes albums et EP sont sortis en autoproduction numérique uniquement. As-tu essayé de rentrer en contact avec des labels pour le faire presser en format physique ? Selon moi tu fais une musique qui mériterait un pressage de qualité…
Je ne me suis toujours pas rapproché de labels et je n’ai pas lancé de production physique. J’ai eu quelques demandes après le remix de BURIED, et il est vrai que j’ai quelques artworks de côté que je pourrais utiliser pour un beau livret. Je pense que je ferais un pressage, de quelques exemplaires, label ou non, dans les prochains mois.
9/ Es-tu actif dans d’autres projets à part Mark Of The Sphinx et The Cemetary Girlz ? As-tu tu joué dans d’autres formations par le passé ? Es-tu actif dans l’underground via d’autres activités ? Je ne me souviens plus très bien mais il me semble avoir vu ton pseudo : Sioux Side en tant que DJ pour une soirée. Je peux me tromper.
Il n’y a plus que ces 2 projets d’actifs. J’étais auparavant compositeur et guitariste dans un groupe nommé Jupiter Jane, qui est plutôt orienté post-punk, rock alternatif. Mais notre chanteuse, qui est Américaine, a dû repartir dans son pays natal quelque temps. Pour l’instant, ce projet est en pause, voire terminé. Mais nos 2 EPs, dont je suis assez fier, sont encore en ligne, chez Swiss Dark Nights.
Ma toute première formation, qui était très inaboutie s’appelait Totemic Animals, mais il en reste aussi des traces sur le net et il doit y avoir un live sur Youtube. On avait fait à l’époque la première partie de ? Cemetary Girlz ! Incroyable non ?
Sinon, je me suis aussi lancé, un peu par opportunisme, à passer des sons en soirée en effet. La vie a fait que mon premier mix, en tant que ‘DJ SiouXside’, s’est fait à Bogota en Colombie, où j’ai été invité à la Tumba Villa. J’ai par la suite été invité à partager les platines avec DJ Laurent Konstroy, à Toulouse, dans le cadre de ses soirées I Goth You Babe, sur Toulouse. Pour le moment, c’est donc plus par effet d’opportunité que je l’ai fait et ne projetais pas de m’y mettre plus sérieusement. Mais l’expérience m’a bien plu, et je pense être un peu plus actif à ce niveau-là.
10/ Mi-parcours, question déconne un peu : quand on tape Mark Of The Sphinx dans Grogueule, on tombe plus facilement sur des livres traitant de l’Egypte antique que sur ton album. Même si le sujet est très intéressant, ne t’es-tu pas dit à un moment : « merde j’ai peut-être fait une erreur en choisissant ce nom… » ?
Cher ami. Nous n’avons pas le même Grogueule, car je tombe dessus en premier quand je tape mon nom :p
Sinon, non, je ne me suis pas posé ce genre de questions en choisissant ce nom. Mais il y a quelque chose tout de même d’intéressant dans ta réflexion.
Au commencement, j’avais l’idée de tourner mon projet sur quelque chose de totalement Dark Ambiant. J’étais tombé sur un documentaire parlant du ‘mystère du Sphinx’ en Egypte. Le nom, qui me plaisant beaucoup, était empli d'une connotation énigmatique. Mais les Egyptiens, même si tout à fait intéressants, ça ne me parlait pas plus que ça. Et je ne voulais surtout pas être rattaché à ces histoires absurdes de pyramides fabriquées par des extra-terrestres.
Alors j’ai creusé tout de même le nom et le papillon Sphinx tête de mort est apparu. Et tout a pris sens dans la symbolique rattachée à mon idée de base. Donc tu vois ! Il y a un tout petit lien en fait !
11/ Parlons un peu de toi en tant que personne maintenant. Que fais-tu dans la vie ? Où vis-tu ? Je me suis laissé dire que tu étais artiste tatoueur. Est-ce ton activité professionnelle ? Que fais-tu en dehors de la musique, tu as d’autres loisirs ?
Je suis en effet tatoueur depuis maintenant 8 ans, sous le nom de Sioux Ink Tattoo. Je travaille essentiellement sur Toulouse, au shop la RedRum depuis bientôt 2 ans. J’ai fait mes armes en solo sur Paris. Mon style est bien entendu très dark, orienté aussi sur le tatouage ésotérique nordique avec les runes, et je continue à approfondir mon style dans le dark ornemental et dark lettering en général. Comme la musique, ce métier est vraiment une extension de moi-même et c’est aussi une participation à la culture gothique.
J’ai aussi une passion pour les arts martiaux et les sports de combat en général. J’ai fait du Jeet Kun Do fut un temps, puis je suis passé au Muay Thai Boran par la suite. C’est encore une façon de trouver de la puissance dans la beauté des gestes. Une certaine magie dans la maîtrise des énergies qui circulent dans nos corps.
Aussi, depuis plus de 25 ans maintenant, j’ai un attachement viscéral dans l’étude de la magie des runes et je suis toujours à l’affût des pratiques magique d’autres traditions. Et je l’insuffle donc dans mes différents arts également.
Je reste graphiste à mes heures perdues, autant en 2D qu’en 3D et montage vidéo. J’ai d’ailleurs créé moi-même mon dernier clip pour le remix de Hang on, visible sur Youtube, et je compte bien réitérer.
J’ai également créé l’art work du dernier album de Lyncelia, « Through the Venus Garden ».
12/ En tant que musicien maintenant, quel est ton parcours ? As-tu découvert les scènes Post-Punk/Goth dès l’enfance ou est-ce plus tardif ? Écoutes-tu d’autres styles de musique ? Quels sont tes artistes préférés ?
J’ai un peu étalé mon parcours dans la première question, mais je vais développer un peu. J’ai grandi dans un village du fin fond de la France, où la culture n’était pas franchement de mise. Et tout ce que je pouvais y entendre musicalement ne me faisait ni chaud ni froid. J’ai donc été sans révélation musicale jusqu’à mon adolescence, durant laquelle la scène Néo métal a commencé à se faire entendre. J’avais MTV et la chaîne passait en boucle cette effervescence de jeunes groupes, pleine de fusion de styles, où il semblait y avoir plein de vie de l’autre côté de l’Atlantique, avec une image tout de même assez noire pour certains. Les rythmiques punks et les saturations de guitares reflétaient quelque chose en moi à cette époque et je me suis ouvert à la musique. J’ai flashé totalement sur Marilyn Manson et ses magnifiques clips. Le groupe Slipknot passait en France pour son 2nd album au Zénith, et je me suis précipité pour y aller avec un ami. On souhaitait découvrir par la même occasion la scène goth, en passant dans la capitale et on s’est fait une soirée dans les caves Le Chapelet à l’époque. Un univers que je ne connaissais pas s’est ouvert. J’étais totalement sous le charme et je me suis senti enfin à la maison. Et depuis ce sentiment ne m’a jamais quitté. Je suis monté sur Paris pour y vivre, en ayant l’intention de participer à faire vivre ce mouvement avec mes propres moyens. J’ai par la suite appris à jouer dès que j’ai pu me procurer des instruments. J’ai écumé les soirées parisiennes. J’ai aussi découvert par la suite la scène d’autre grande ville du monde. Berlin étant un des derniers bastions de la scène punk et se brasse avec tous ces sons électro/techno. Bogota est encore très branché deathrock et beaucoup de jeunes groupes font vivre la scène là-bas.
Mes goûts sont vraiment orientés dans ce style, mais j’avoue avoir toujours un attachement pour les groupes de Néo qui m’ont bercé. On ne se refait pas.
J’ai déjà cité précédemment les artistes qui m’ont vraiment influencé. Je suis toujours très admiratif du talent de Robert Smith, Siouxsie et de Peter Murphy aujourd’hui. Alien Sex Fiend reste aussi un groupe qui m’a énormément plu. Les groupes Velvet Acid Christ et Skinny Puppy, comme Manson, sont des groupes qui ont changé ma vie et m’ont poussé à faire de la musique. Chino Moreno (chanteur de Deftones) est aussi une référence et mon professeur indirect de chant.
13/ Une question plus spécifique maintenant, j’ai remarqué sur les photos que tu avais un look très affirmé rappelant les meilleures heures du Deathrock ! Est-ce une chose importante le look pour toi dans notre underground ?
Personnellement j’ai tendance à penser que le look n’est pas une mauvaise chose mais que l’essentiel est avant tout d’avoir une bonne culture musicale avant tout.
Que penses-tu des personnes qui ont un look goth très travaillé mais qui ne connaissent quasiment aucun groupe ?
Oui, c’est ce qui m’a percuté en premier dans la scène goth, les looks sombres et extravagants. C’est un moyen d’exprimer son appartenance à un groupe, un reflet de ce qu’on aime esthétiquement. Le look goth fait partie intégrante de son histoire et c’est donc tout à fait logique pour moi de le cultiver. Il évolue avec son temps également, c’est bien une expression artistique à part entière pour ma part.
Pour ce qui est des autres, je t’avoue que ça ne fait pas partie de mes préoccupations de qui fait quoi et pourquoi. On a déjà la chance de ne pas se faire lapider ou brûler sur la place publique pour avoir la liberté de se looker comme on veut. C’est déjà une chance. Alors les raisons de chacun, ça n’a pas vraiment d’importance pour moi. Tant que ça les aide à se sentir mieux c’est bien le principal. Je me prête au jeu de mettre en avant le look, mais en essayant d’y insuffler une dimension artistique et un peu moins creuse que ce qu’on trouve sur Instagram parfois.
Mais ce qui importe, ce sont les artistes qui eux ont quelque chose de vrai à apporter, qu’ils continuent à créer et on fait de toute façon la différence de qui inspire qui.
14 / Que représente l’univers Gothique pour toi ? Qu’est-ce que c’est d’ailleurs selon toi ? Te définis-tu comme tel d’ailleurs ? Si tu devais résumer ce qu’on peut appeler « l’esprit Goth » en une phrase, quelle serait ta réponse ?
Le mouvement gothique est ce qui m’a permis de me trouver et d’avoir la sensation d’être moins seul au monde. Tous ces artistes torturés ayant la capacité à retranscrire leurs émotions, et, y trouver un reflet sur ce que l’on vit, c’est précieux. La musique est le langage de l’âme, alors quoi de plus beau que de trouver ses semblables par ce moyen ?
Je me définis comme Goth et sans hésiter. Pour moi, c’est plus qu’une culture, c’est une énergie, une porte sur une dimension particulière. C’est évolutif, sans forme précise, et en même temps très identifiable. Tout est parti de la musique, il est vrai, mais elle cherchait à refléter beaucoup plus. Une véritable âme est née, beaucoup de choses s’y sont rattaché naturellement et ça va continuer.
En une phrase, je dirais que le goth est une façon de voir et d’intégrer le côté obscur de la vie, qui est fait de beaucoup de substance, de beauté, de poésie, de symbolisme, de tristesse, mais aussi de vérité, et de choisir de l’exprimer artistiquement, sans craindre le regard ou la réaction du conformisme ambiant.
15/ Que penses-tu de l’underground Post-Punk/goth en général aujourd’hui ? Je veux dire : les occasions de concerts, l’évolution des différents styles (Goth-Rock, Post-Punk, Deathrock, Coldwave…), le public, les labels ? Sommes-nous face à une montée en puissance de ces scènes selon toi ? Peux-tu développer ta réponse ? XD
Je trouve la scène actuelle passionnante ! On assiste environ tous les 10 ans à une nouvelle vague de ce mouvement et je trouve celle-ci extrêmement puissante et enthousiasmante. On voit d’anciens groupes s’y remettre et s’émanciper d’étiquettes et les nouvelles formations ont bien compris ce qui était très efficace niveau du son. On entend des initiatives audacieuses, avec parfois des sons emprunté à d’autres styles musicaux comme la trap ou le black metal. Et j’en suis honnêtement ravi.
Nous-même avec Cemetary Girlz, on a tenté quelque chose de plus profond que le simple deathrock. Et pour Mark of the Sphinx, c’est bien entendu aussi l’idée de s’émanciper de style particulier. J’adore la période musicale actuelle.
16/ Es-tu souvent à l’affut des sorties actuelles dans l’underground Post-Punk/Goth ? Y a-t-il des groupes / albums qui t’ont marqué ces dernières années ? As-tu un label de référence dont tu écoutes souvent les prods ?
Oui, je le suis bien sûr ! Ces dernières années, j’ai découvert GVLLOW, issu de la scène Trap. Les She Past Away ont un style tellement entrainant que j’ai été vite conquis aussi. Les Drab Majesty m’ont bluffé par leurs superbes compositions aussi. Le tout dernier Psyclon Nine pour moi est incroyable ! Il y a des sonorités aussi issues de la Trap et du Black metal. J’ai aussi beaucoup aimé Dawn of Ashes, groupe d’indus/ black métal, au sonorité EBM sur la fin. Mon tout dernier coup de cœur est Harsh Symmetry. Les mélodies sont envoûtantes, la voix très profonde et sensible, et j’ai passé en boucle leur album Display Model. Je suis aussi tombé amoureux du dernier Saigon Blue Rain : OKO. Ils ont créé de la pure magie sur ce dernier album.
Dans un autre registre, Wardrunna et Crosses (projet parallèle de Chino de Deftones). J’ai adoré 3Teeth en métal indus, Tween Tribes pour la cold. Le groupe ‘Dark’ pour la Darkwave. La liste est longue en fait…
17/ Est-ce que tu achètes des disques de temps en temps ? Chez qui aimes-tu te fournir ? As-tu de bonnes adresses pour trouver de bonnes prods Post-Punk/Goth ? Pareil, concernant le look, as-tu de bonnes adresses chez qui les lecteurs/lectrices peuvent se fournir ?
Alors, non, je suis un très mauvais élève en cette matière… À force de perdre des albums avec les déménagements, j’ai perdu l’habitude de me procurer les objets physiques et me suis adapté à l’air du temps, à savoir au streaming (Je sais : Pas bien. Mais c’est ainsi.). Quand je craque, j’achète directement sur la page des groupes sur bandcamp. Je sais que le ‘gros’ leur revient et je préfère passer par là. Mais c’est le plus souvent en dématérialisé et ça reste sur un disque dur.
Niveau fringues, j’ai commencé mon parcours comme un punk, à prendre l’habitude faire les choses par moi-même, ou par des potes, ou de la récup et récemment les fringues de meufs sur Vinted (Et oui. Je suis mal partie pour être sponsorisé par toute sorte de marque, sans façon.).
18/ Tu as déjà répondu lors de l’interview avec The Cemetary Girlz, on veut en savoir plus sur ton régime alimentaire hehe? Quels sont tes plats favoris ? Qu’aimes-tu manger / cuisiner ? On sait déjà que tu aimes l’absinthe (alcoolique va héhé), aimes-tu d’autres breuvages ?
À vrai dire, je ne me souviens plus de ce que j’ai répondu, mais j’ai menti. Mon régime est principalement du sang ; d’aristocrate quand c’est possible, mais en ce moment je me fais à la faune disponible. L’absinthe est meilleure distillée dans du sang frais, je l’avoue.
19/ Aurais-tu quelque chose de plus à dire au lectorat ? C’est l’instant « tribune libre » alors éclates-toi bien héhé.
Votre vie peut être un enfer, comme un véritable bonheur, et ce, d’une seconde à l’autre. Mais n’oubliez pas que tout part de vous les ami.e.s. Il n’y a de limites que celle que vous vous imposez et rien n’est jamais définitif.
Devenez ce que vous avez rêvé d’être et ne laissez personne vous brider dans cette démarche. Peu importe le temps que ça vous prendra. Cultiver votre intelligence et votre endurance à l’échec. Ce sont les plus grosses difficultés qui nous font le plus grandir. Les artistes sont là pour vous accompagner, toujours, comme ils m’ont accompagné aussi. La seule vérité est celle qui réside dans votre cœur. À vous d’alimenter cette force dans votre sang. C’est un vieux vampire qui en fait son repas quotidien qui vous l’assure haha.
20/ Merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions. Je suis impatient de faire ta connaissance de visu au Return To The Bat-Cave 2023 et de partager l’affiche avec toi et The Cemetary Girlz.
À très bientôt :-D
Merci à toi pour cette interview ! Hâte aussi de te rencontrer et de jouer avec vous, ça va être cool !
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