Undertheskin fait partie de ces projets solo et studio à avoir évolué au fil des années pour devenir un groupe à part entière. Mariusz demeure l'esprit dirigeant de cette formation Polonaise aux multiples qualités. Il était important pour la rédaction de vous proposer un entretien en détail avec cet artiste impressionnant.
Propos recueillis par Xzvrey en Septembre 2022.
1/ Hello Mariusz, comment vas-tu ? Quelles sont les nouvelles du moment pour toi ? Travailles-tu sur de nouvelles compositions ?
Hello – Et bien, je suis plus en forme que jamais. Oui, bien sûr, je travaille sur de nouveaux morceaux et j’en ai déjà pas mal, à différents niveaux de production. Je travaille quasiment tous les jours, avec différents résultats ; parfois, cela donne de bonnes choses, parfois non. En-tout-cas, le troisième album d’Undertheskin prend forme petit à petit.
2/ J’ai lu sur tes CDs et sur ton bandcamp que tu écrivais et interprétais toutes les parties instrumentales et vocales sur tes albums. Cela veut-il dire qu’Undertheskin est un projet solo ? Peux-tu nous raconter un peu l’histoire de ce projet s’il te plaît ?
Au début, Undertheskin était censé être un projet solo, uniquement studio. J’ai enregistré le premier album tout seul car j’en ressentais le besoin ; cela me tenait à cœur. C'était un exutoire pour les émotions intenses que je vivais à ce moment-là. Je ne nourrissais pas de grands espoirs pour cet album à ce moment-là – je pensais que ce serait un one-shot. Cependant, juste après la sortie du single et de la vidéo du titre « COLD », j’ai eu une tonne de bonnes chroniques venant d’un peu partout dans le monde et des propositions de concerts. Il y a eu un effet boule de neige. J’ai commencé à réfléchir à un line-up de scène et par chance, j’ai réussi à persuader des amis (d’excellents musiciens) de jouer avec moi.
C’était une grosse somme de travail en répétitions, mais l’ambiance était excellente et l’alchimie entre nous l’était tout autant – tout s’est bien passé donc. Nous avons conservé cette configuration depuis 2015. Durant l’enregistrement de N E G A T I V E, nous avons composé le titre « BURN » tous ensembles. C’était la première fois que d’autres musiciens entraient dans le monde hermétique et personnel d’Undertheskin – avec succès à mon sens. Cela ne change rien au fait que j’enregistre tous les instruments moi-même – c’est le moyen le plus simple et le plus rapide – et à côté de cela, cela reste un projet très personnel qui raconte mon histoire. Cependant, je ne suis pas hostile à l’idée de composer ensemble ou d’être plus ouvert aux idées de mes « mates » du line-up de scène. Ce sont tous des musiciens très talentueux et durant ces presque 7 ans de concerts, nous agissons et pensons comme un seul organisme. Par exemple, récemment, j’ai terminé l’enregistrement d’un titre du prochain album dont la démo a été créée par Macjek et Tom – il est donc possible que le prochain album ressemble plus à un travail d’équipe que les deux précédents. Nous verrons.
3/ Tu as sorti 2 albums + quelques singles et EP pour le moment. Les deux albums sont mixés et masterisés par Kamil Lazikowski au Souyz studio [Pré-Master pour l’album N E G A T I V E]. Comment cette collaboration a-t-elle démarré ? Allez-vous continuer de travailler ensemble pour de prochaines prods ?
Quand j’enregistrais la première chanson d’Undertheskin, je cherchais une personne pour mixer et masteriser tout cela. J’avais quelques exigences : Je recherchais quelqu’un qui comprenne le Post-Punk et la Coldwave, mais en même temps, quelqu’un qui ne produise pas ce genre de musique au quotidien. Je recherchais quelqu’un représentant une bonne et ambitieuse alternative, et j’ai contacté Kamil. Durant des années, il a créé et produit les albums d’une des légendes de scène alternative polonaise : le groupe Cool Kids of Death. J’aimais leur son et leur approche de la hiérarchie des instruments, en particulier la basse qui est un instrument clé pour moi et c’est souvent avec elle que je commence à composer les morceaux d’Undertheskin. Un ami commun nous a contactés, nous avons parlé de faire un « test-mix » du titre « COLD ». J’ai été stupéfait par le résultat. Nous avons commencé à travailler ensemble et nous avons sorti 2 albums et quelques singles. Je crois que nous avons la même façon de penser et nous sommes heureux de travailler ensemble. Il est fort possible que Soyuz studio fasse le mixage du prochain album.
4/ Quel matos utilises-tu ? Amplis, instruments, matériel d’enregistrement etc…
Une tonne de matériel est passée entre mes mains. J’aime tester et remplacer mes outils. J’ai essayé d’enregistrer mon premier album avec des sons et des instruments des années 80. Depuis, j’enregistre sur du matériel moins orthodoxe et j’aime autant les instruments analogiques que les virtuels. Je crois que ce sont simplement des outils et tout dépend de la manière de les utiliser. Les instruments ne font pas de quelqu’un un musicien ou un artiste. Ce sont des pinceaux et des toiles. Via cette métaphore, je souhaite simplement dire que je combine librement les environnements virtuels et analogiques. La musique est ici le bien suprême. Si vous voulez du détail, en ce moment, je travaille avec un ancien iMac de 2011, j’utilise l’interface Universal Audio Twin Solo, c’est ma base. En général, j’enregistre les voix avec un SM07 classique avec un préampli Golden Age Project Pre-73 MKIII. J’enregistre les guitares directement dans la table et j’utilise souvent les plugins Strymon Iridium ou Neural DSP. Mes guitares principales sont une Fender Jaguar Special MIJ, la Fender American Performer Mustang, et, pour la basse, j’utilise une Fender Aerodyne MIJ. Concernant les synthés, ma base se constitue d’un Behringer Deepmind 12, un Korg Monologue, un Waldorf Streichfett et une bonne dose de synthés virtuels – principalement de chez Arturia.
5/ Comment travailles-tu sur ce projet ? Je veux dire : à quelle fréquence prends-tu du temps pour écrire de nouvelles chansons ? As-tu des plans spécifiques et planifiés ou laisses-tu l’inspiration du moment décider pour toi ?
Je n’aime pas la routine ou bosser en fonction d’un plan, je fais de la musique quand c’est le moment. Un planning signifierait « travail » pour moi, or, je préfère percevoir la musique comme un plaisir, pas comme un devoir. J’ai la chance d’avoir un home studio avec tout l’équipement nécessaire et prêt à l’emploi. Je compose et enregistre assez souvent, presque tous les jours en fait, je passe du temps sur mes instruments. Mon écran d’accueil et mon disque dur sont noyés sous les projets.
En ce moment, je travaille sur trois projets en parallèle. Undertheskin étant bien sûr la priorité. Cependant, je passe beaucoup de temps sur le troisième album de Deathcamp Projet (Goth Rock) et cette année, j’ai également terminé l’enregistrement, le mixage et le mastering de mon projet Black Metal : Wolfpath.
6/ De manière générale, quelles sont tes sources d’inspiration ? Les paroles de l’album N E G A T I V E me semblent vraiment très sombres et désespérées ; en particulier le titre « DONE » qui me fait penser à une forme de haine de soi. Peux-tu expliquer un peu tes paroles et inspirations aux lecteurs·trices s’il te plaît ?
C’est assez simple, les paroles et la musique d’Undertheskin sont directement inspirées de mes propres expériences personnelles. Je pourrais dire que, pour ne pas mourir, j’ai eu besoin de créer Undertheskin, un réceptacle pour toutes ces émotions.
Je n’ai jamais raconté cela auparavant, mais, quand j’étais en train de créer N E G A T I V E, j’ai pensé que cela serait ma dernière offrande musicale – « adieu au monde », autant à la musique qu’au monde en général. Heureusement, je suis encore là… Dans les premiers temps, « DONE » était censé être un titre bonus. Cela me paraissait trop positif par rapport aux autres titres. En fin de compte, il figure sur l’album comme morceau à part entière et je suis heureux, car il termine parfaitement l’album. Je ne suis pas sûr que ce titre reflète une sorte de haine de soi, pour moi, c'est une chute libre dans les ténèbres, l'impuissance et le vide. Il gagne en puissance jusqu’à son effondrement final, en un sens, c’est une acceptation de la situation. D'un autre côté, j'ai l'impression que musicalement « DONE » apporte un peu de lumière, peut-être de l'espoir. J'adore le jouer en concert, et "conceptuellement", il complète le morceau « UNDONE » du premier album.
7/ Qui fait tes pochettes d’album et comment les choisi-tu ? Recherches-tu quelque chose en particulier ?
Pour le premier album, c’est du DIY total. C’est une photo que j’ai faite moi-même, le concept était complètement minimaliste, la seule chose unique, c’était le pictogramme assigné à chaque titre. En gros, j’ai travaillé avec Bartise Hervy depuis le début. Pour le premier album, il a conçu tout le design du digipack. Concernant N E G A T I V E, il a fait tout le layout.
Est-ce que je recherche quelque chose de spécial ? Eh bien, je recherche toujours quelque chose qui se marie bien avec la musique. En ce qui concerne les éditions elles-mêmes - je collectionne moi-même des disques et j'aime vraiment le papier de bonne qualité et les éditions limitées, raffinées, etc. Je suis très pointilleux en la matière. Je m’assure que tout ce qui est signé « Undertheskin » est de bonne qualité afin que les personnes qui achètent une copie physique de mes albums reçoivent quelque chose de qualitatif et de spécial.
8/ Tes deux albums sont sortis chez Alchera Visions, un label de ton pays : la Pologne. Comment as-tu commencé à travailler avec eux ? Est-ce que cette collaboration va continuer pour tes futurs albums ?
L’équipe d’Alchera Visions et moi-même sommes amis depuis longtemps. C’était le choix le plus simple et le plus évident pour sortir le premier album. L’édition vinyle de N E G A T I V E est sortie chez Oraculo Records, un label espagnol (le CD, chez Alchera). Il est fort possible que le prochain album sorte chez le label allemand Young & Cold Records.
9/ J’ai vu sur ta page facebook que tu avais partagé des flyers de concerts d’Undertheskin ! Ma question est donc : travailles-tu avec des musiciens de session pour le live ? Quand as-tu commencé à rechercher des concerts ?
Depuis 2015, nous jouons en trio. Comme je l’ai déjà dit, c’est un one-man-band studio à la base, mais nous faisons du live à trois. Je n’ai jamais vraiment recherché des dates de concerts, elles sont venues à moi et c’est toujours plus ou moins le cas. C’est ce qui a conduit à la création du line-up live. Comme tu le sais, je ne suis pas un musicien professionnel dans le sens où la musique me permettrait de vivre. Je ne pas la possibilité de jouer en live souvent – et c’est aussi le cas pour les autres – du coup, nous nous limitons à environ 12 concerts par an.
10/ Tu habites à Varsovie en Pologne, c’est cela ? Peux-tu nous recommander quelques groupes de ta région s’il te plaît ? Modernes ou anciens, peu importe ;-)
Oui, je vis près de Varsovie en ce moment, mais il m’est difficile de recommander quelque chose. De nouveaux groupes se forment (Higiena qui pratique un Post-Punk lo-fi par exemple). Cieplarnia a sorti un très bon album aussi (mais ils ne sont pas de Varsovie). Certains ont refait surface aussi : Miguel and the Living Dead, un groupe de Bat-Cave / Cabaret avec des morceaux excellents et accrocheurs. Cependant, j’ai un rapport très émotionnel avec la musique et cela doit me toucher profondément pour que j’en fasse une recommandation. Malheureusement, cela ne m’est pas beaucoup arrivé ces derniers temps avec la scène polonaise ou celle de Varsovie.
11/ Comment es-tu entré dans l’univers Post-Punk/Goth ? Était-ce pendant ton enfance ou plus récemment ? As-tu commencé avec les classiques ou avec des groupes underground plus modernes ?
Je vais essayer d’être synthétique. Ma connexion avec les musiques des années 80/90 (période de mon enfance) est due au fait que la télé était sans cesse sur MTV à la maison. C’était à l’époque une chaîne qui proposait beaucoup de shows alternatifs. En revanche, j’ai découvert les musiques Goth grâce à ma sœur, Magdalena, qui en écoutait beaucoup. Nous partagions notre chambre et j’étais donc en contact avec ces musiques en permanence. Plus tard, j'ai eu la curiosité d'explorer la musique par moi-même, mais c'est CE genre musical qui m’a marqué le plus tôt et qui m'a probablement défini en tant que musicien.
J’ai commencé avec les classiques : Sisters Of Mercy, Fields Of The Nephilim, The Cult, The Cure, Joy Division… Puis j’ai découvert le mouvement Goth des années 90 : Love Like Blood, Christian Death, Suspiria, Roseta Stone etc. J’ai vu la chute du Rock Gothique et l’incroyable revival du Post-Punk auquel j’ai la chance de participer en tant que musicien. Aujourd’hui, j’ai le sentiment que de plus en plus d’influences Goth Rock classiques insufflent les créations Post-Punk. Ai-je raison ? Je ne sais pas, mais c’est intéressant en soi d’observer ces évolutions à long terme. Je me demande où cela nous amènera.
12/ De nos jours, l’underground Post-Punk/Goth me semble de plus en plus fort au fur et à mesure que le temps passe. Beaucoup de bons albums, de bons labels, quelques festivals émergeant çà et là… As-tu le même ressenti ? Quels sont les albums que tu as le plus aimé ces derniers temps ? (pas de maximum)
C’est vrai – ces 10 dernières années ont été excellentes pour ces genres musicaux – il y a eu d’incroyables groupes et d’excellents albums qui ont redynamisé nos scènes. De gros festivals alternatifs se sont ouverts au Post-Punk, il y a des tonnes de concerts, labels, etc. J’espère que cette résurrection durera le plus longtemps possible. Malheureusement, j’ai également pu observer des cycles et j’ai l’impression qu’il y a de plus en plus de groupes « génériques » qui se forment (la même chose est arrivée à l’époque dans la scène Goth-Rock ou avec certains groupes de la soi-disant vague Post-Punk Revival). La musique, les arts et les modes sont toujours sinusoïdaux et on se retrouvera sans doute dans le creux de la vague à la fin. C’est ainsi que les choses marchent. Cela ne change rien concernant mes compositions et enregistrements – c’est ma passion, ma vie – les modes qui passent et ne changeront rien pour moi, je joue de la musique depuis 1998 et j’espère bien continuer tant que je le peux.
Concernant quelques recommandations de groupes – je me suis un peu éloigné du circuit – mais je souhaite me justifier. Quand je suis en plein processus créatif, je ne veux pas écouter de la musique du même genre que ce que je suis en train de créer moi-même afin de ne pas être influencé à mon insu.
Ok, pour répondre à la question : j’écoute beaucoup les derniers albums de Kelan Mikla, Kill Shelter et Soft Kill par exemple.
13/ Vois-tu, le but de Jeu D’Ombre est, à terme, de sortir des éditions papier avec le contenu du site internet dès que nous en aurons assez héhé. Que penses-tu des fanzines ? Vous en avez en Pologne de nous jours ? C'est une bonne idée d’imprimer des fanzines en 2022 selon toi?
J’adore les fanzines – et il y en a beaucoup en ce moment – sans doute qu’avec la renaissance des formats physiques, quelque chose s’est mis en mouvement et cela me fait plaisir, je dois dire.
Je dois dire qu’avec la rareté des formats papiers fait qu’il m’est d’autant plus plaisant d’en posséder et d’en lire. Et le fait est qu’il y a de plus en plus de gens qui ont cette passion de nos jours et cela me rend reconnaissant à leur égard.
C’est un format répandu dans la scène métal. [NDLR : oh oui !] Il y a beaucoup de zines, et ceux qui sortent sont de plus en plus qualitatifs tant en termes d’écriture que de qualité d’impression (Shades of Darkness par exemple). Malheureusement, je n’ai pas vu ce genre de création dans les scènes Post-Punk/Goth en Pologne. Il y eut un temps où existait un zine exceptionnel : COLD ZINE, qui n’existe plus aujourd’hui. Il était édité par Tomek Zrabkwoski (qui organise aussi les OldSkull events).
14/ Est-ce que tu chasses les albums ? Je veux dire : en format physique.
J’ai eu une collection importante, malheureusement, elle a diminué de moitié après mon divorce ha ha Depuis lors, mon approche de la collection est un peu moins orthodoxe. Avant, je recherchais chaque production des groupes qui étaient intéressants pour moi (singles, éditions japonaises, EP vinyls en édition limité, etc.). Aujourd’hui, j’ai beaucoup moins de temps pour écouter donc j’achète aussi beaucoup moins. Tout au plus quelques disques par mois. Avant, j’en achetais des douzaines.
De nos jours, j’écoute surtout de la musique en voiture (dans laquelle il n’est pas possible d’écouter un CD), j’utilise donc le streaming. Après, je suis évidemment toujours à la recherche de nouveaux groupes, j’aime en découvrir, mais je ne recherche les supports physiques que pour les plus intéressants.
Ceci étant, j’aime toujours les formats physique – j’adore les polygraphes – leur odeur et leur tangibilité.
15/ À part Undertheskin, es-tu impliqué dans d’autres projets ? D’ailleurs, as-tu d’autres passions que la musique ? As-tu aussi une « vie normale » (job, famille) ? Comment fais-tu pour combiner tes passions et ta vie de tous les jours ? Est-ce que ton environnement personnel et/ou professionnel accepte ta passion pour l’underground Post-Punk/Goth (et pour tes groupes) ?
Bonne question ! Comme je l’ai déjà dit, en 2021, j’ai enregistré un premier album (avec un batteur de session) sous le nom Wolfpath, un projet Black Metal. Je joue tous les instruments (sauf la batterie) et je m’occupe également du chant. La question peut se poser : pourquoi du Black Metal ? Eh bien, j’avais besoin d’un exutoire pour certaines émotions, et je ne l’ai trouvé dans aucun de mes autres groupes. Et cela a parfaitement fonctionné. Parfois, nous avons juste besoin de hurler une chose en particulier. Wolpath est mon voyage personnel de l’enfer à la renaissance. De plus, le Black Metal est ma passion depuis de nombreuses années – j’ai toujours voulu enregistrer quelque chose dans cet esprit. Je trouve d’ailleurs qu’il y a beaucoup de points communs entre le Black Metal et les scènes Post-Punk/Goth dans leur structure, une forme d’élitisme et un underground très développé.
L’année 2022 est entièrement dévouée à Undertheskin et mon temps libre restant est dédié à ressusciter le groupe de Goth-Rock Deathcamp Project dans lequel j’ai joué depuis 2001. Nous travaillons sur un troisième album qui sera, je pense, notre chant du cygne. Nous avons commencé le travail et un chouette album en ressortira. Attendez-vous à un Goth-Rock bien « épicé ».
En ce qui concerne la seconde partie de la question : la musique est clairement ma plus grande passion. J'ai commencé mon premier groupe quand j’avais 16 ans et je n’ai jamais remisé mes instruments depuis. J’ai toujours vu ma vie professionnelle comme une combinaison de travail et de musique. Le plus souvent, c'était à un rythme effréné et difficile, mais l'indépendance, tant artistique que financière, est la chose la plus importante à mes yeux. La profession de musicien n’est pas très stable en matière de rentrées d’argent et, vu les événements très 3 dernières années, je pense que mon choix était judicieux. Donc oui – absolument – un travail classique + la musique. J’ai également une famille, des enfants et, heureusement, une femme formidable qui me soutient dans ma vie artistique.
Pour ce qui est de l’environnement professionnel, tu sais, je ne suis pas une personne très extravertie. Je ne suis pas du genre à dire, « salut, mon nom est X et je joue dans le groupe Y ». Je n’ai jamais vraiment attendu ou eu besoin de l’approbation des autres. Je pense que si tu fais bien ton travail, personne ne s’enquiert de ce que tu fais en dehors des heures de travail. En-tout-cas, ma vie artistique a toujours été une grosse surprise pour mes collègues. Souvent, ils trouvent des infos sur les réseaux sociaux ou me googlent et me disent : « Pourquoi ne nous as-tu rien dits à ce sujet ? ». Et je leur réponds : « Parce que vous ne me l’avez pas demandé ». Ils sont en général encore plus surpris quand ils viennent aux concerts, surtout quelques années auparavant quand Deathcamp Project était actif. Nous portions toujours du maquillage, des vêtements de latex noir, etc. C’était marrant, mais la plupart du temps les gens réagissaient positivement, ils voulaient souvent des autographes sur les CDs et continuaient à soutenir le groupe.
À part cela, j’aime beaucoup les livres, même si j’ai du mal à trouver le temps d’en lire. J’ai beaucoup les biographies, mais aussi les fictions ou les livres consacrés à la culture visuelle ou à l’art contemporain. Je prends aussi des cours de chant, j’essaye de développer mes compétences même quand je ne tourne pas (je peux m’enorgueillir d’avoir 4 octaves). Je joue aussi au basketball, je nage et je pratique parfois le roller ou le vélo. Des choses plutôt classiques donc. Je fais aussi du Reiki.
16/ Ok, celle-là ne peut pas être esquivée quand on entre chez moi héhé : quels sont tes plats et tes boissons favoris ? Recommandes-tu quelques recettes polonaises ?
J’adore manger et cuisiner. Je suis un gros fan des cuisines italiennes et indiennes. J’aime particulièrement les plats épicés et aromatiques. Concernant la Pologne, je ne suis pas très fan de notre cuisine, elle est trop « floue », pas assez aromatique, souvent basée sur des viandes et juste lourde pour l’estomac. Bon, bien sûr il y a des plats que je recommande si vous venez en Pologne : le bigos, les dumplings (raviolis), les côtes de porc, la soupe à la tomate, le bortsch polonais et les plats à base d’oie. Par contre cela ne fait pas partie de mes préférences culinaires. Pour les boissons, j’aime le café et je suis fan des bières tchèques faites par de petites brasseries locales.
17/ Que penses-tu de l’underground Post-Punk/Goth d’aujourd’hui ? Le public, les labels etc. ? Y a-t-il quelque chose que tu souhaiterais changer dans ces scènes si tu possédais des pouvoirs d’ordre divins ?
Je pense que j’ai déjà plus ou moins répondu à cette question concernant la scène un peu plus tôt. Je suis quand même très satisfait de ce « boom » de la scène et j’espère qu’il y aura de plus en plus de groupes intéressants (ceux qui regarderont moins en arrière et se concentrerons sur leur propre son).
Je souhaite vraiment la fin de ce Covid de merde et le retour à la normale pour les concerts (je ne sais pas si ce sera possible, le monde change vite et pas forcément pour le mieux). Peut-être que j’aimerais aussi que les auditeurs aient plus de curiosité que simplement écouter des playlist spotify et youtube si possible et qu’ils/elles prêtent plus attention à la musique en général et son histoire si riche.
18/ Est-ce qu’il t’arrive de passer du temps avec d’autres musiciens de ta région ou es-tu carrément un loup solitaire ?
Eh bien, j’aimerais beaucoup, mais je pense que je ne suis pas assez chanceux pour avoir les bonnes personnes dans mon voisinage. En plus, je pense qu’il y a un loup solitaire en moi (je viens juste de finir l’album de Wolfpath donc c’est logique ha ha). De plus, l’explication d’un tel isolement est plutôt pragmatique. L’ego des musiciens et leurs problèmes relationnels entre eux qui se traduisent parfois par des dysfonctionnements dans la vie du groupe. Pourtant, j’adore la création collective, c’est une chose qui ouvre énormément de possibilités et qui permet à la musique d’atteindre un niveau supérieur. Malheureusement, il y aussi des désavantages significatifs : l’ego susmentionné, le fait que beaucoup ne comprennent pas que la musique en tant qu’art doit former un tout qui est plus important que notre propre instrument ou nos idées personnelles. Le manque de professionnalisme est un autre problème, le fait que les gens ne comprennent pas leur rôle et comment le groupe doit travailler au quotidien pour exister.
J’ai eu l’occasion d’expérimenter bien des déconvenues dans ce domaine. D’ailleurs, Undertheskin est né de ce genre de déconvenues. D’autre part, je pense que j’ai un caractère assez fort et une bonne intuition. Si je suis convaincu de quelque chose en termes d’art, il est vraiment très difficile de me faire changer d’avis. D’un autre côté, je vois comment les morceaux d’Undertheskin évoluent au fil des ans à force de les jouer avec Tomek et Maciek (les musiciens live) et il serait très tentant de travailler tous ensemble pour les futures productions. En gros, nous avons commencé à travailler de cette manière, donc seul le temps nous dira si c’était une bonne décision.
19/ Y a-t-il quelque chose d’autre que tu souhaites dire au lectorat ? Un conseil ? Une promo à faire ? Une blague ?
Ha ha, elle est bonne celle-là ! Je ne sais pas – pas de blague – pas d’avis. Prenez simplement soin de vous et merci d’avoir lu cette interview.
20/ Bien, je crois que ce sera tout pour aujourd’hui, merci beaucoup d’avoir répondu à mes questions.
Je te souhaite beaucoup de succès pour tes futures prods.
Cheers from France ;-)
Merci beaucoup ! Nous aimerions beaucoup jouer pour vous. Nous avons déjà fait 3 dates en France en 2020. Avec un peu de chance, nous pourrons revenir dans un futur proche. Normalement, nous devons jouer à Toulouse le 7 décembre 2022. Nous espérons vous y voir. A+
Comentários